La semaine dernière, un hommage a été rendu à Daniel Slimak à Vesoul. A cette occasion, une plaque commémorative a été apposée au n° 1 de la rue Leblond. Peut-être n'aurait-il pas apprécié ce genre de reconnaissance ! En tout état de cause, il est cependant bien et juste que l'on se souvienne de lui.
James Ollivier, qui appréciait les chansons et poèmes de Daniel Slimak (il lui en empruntait dans ses récitals) disait : « Un jour, on dira qu’il y avait un poète à Vesoul... ».
François Mauriac lui écrivait aussi ces mots à la suite d'un texte que lui avait envoyé Daniel Slimak : "Mon cher poète, je crois qu'en ce qui vous concerne on peut parler de talent. Continuez. Je suis certain qu'un jour, j'entendrai parler de vous".
Cet hommage correspond aux vingt ans de la disparition de Daniel Slimak et mon propos, aujourd'hui, était de vous présenter sa biographie écrite par Céline et Gérard Lambert "Quand l'oiseau meurt, la chanson reste..." Excellent ouvrage qui se termine par un florilège de ses poèmes.
Bien difficile de choisir dans ses chansons, poèmes et textes quoi vous faire écouter ! Alors, entre autres, cette chanson : "Mon père".
Mon père
Il était de ces gens de la plus humble souche
venus un jour en France incultes sans souliers
Je ne sais pas pourquoi l'on traite de manouches
ceux qui sont dénommés travailleurs étrangers.
Il était de ces gens arrachés à eux-mêmes
qui laissent derrière eux leur cœur et qui l'enterrent
et c'est ça se mourir à tous ceux que l'on aime
Il était de ces gens qui savent pas dire non mon père...
Je l'ai vu quelquefois au sortir de l'usine
dans le troupeau blessé des gens qu'on licencie
et ma main dans la sienne se faisait plus intime
c'est de choses-là que j'ai connu la vie.
Il était de ces gens qui ont vendu leur âme
j'entends de ces mendiants qu'on oblige à se taire
au nom du pain béni, des enfants et des femmes
Il était de ces gens qui pouvaient pas dire non mon père...
Je l'ai vu trop souvent ramper à quatre pattes
pour un chef de mon cul bouffi de sa puissance
je l'ai vu s'humilier et se couper en quatre
pour bien des petits cons qui sont princes de France.
Il était de ces gens qui sont de bons services
j'entends des menacés par ces grands mercenaires
qui disent que le pauvre a besoin de police
Il était de ces gens qui pouvaient pas dire non mon père...
Je l'ai vu quelquefois s'essouffler sous la lampe
à tracer quelques mots de mauvaise écriture
Ca sert à quoi savoir disait-il quand on rampe ?
Toi, quand tu seras grand, t'auras la vie moins dure.
Il était de ces gens amputés de révolte
qui laissent derrière eux la haine et qui l'enterrent
au cœur de leurs enfants meurtris de coups de botte
Il était de ces gens qui savent pas dire non mon père...
Vous allez le juger : c'était un être veule
Moi, pour vous le chanter, JE GUEULE !
Il y a dix ans de cela, j'avais écrit un article sur une des chansons de Daniel Slimak, L'Etoile, que vous pouvez écouter ICI