En relisant quelques pages de l'excellent livre de Bernard Dicale "Brassens ?" (Flammarion), je relevais ceci :
"Comme tous les artistes de la chanson, Brassens a fait ses classes. S'il a beaucoup parlé de l'influence de Charles Trenet sur ses premières chansons, c'est ailleurs qu'il faut chercher sa plus durable inspiration textuelle, chez Gustave Nadaud*. "
(B. Dicale in " Brassens ?", page 41)
* Gustve Nadaud (1820 - 1893) poète et chansonnier français. Voir également un article concernant G. Nadaud et Brassens sur le blog de l'Amandier
Pour illustrer ce propos et cette communauté d'esprit, écoutons deux chansons : L'Orage (G. Brassens) et La Femme du Pompier (G. Nadaud). "L'eau ayant remplacé le feu, l'argument est celui de L'Orage, dans lequel Brassens met en scène un couple adultère uni par les intempéries, en l'absence du mari, marchand de paratonnerres." (même source, page 45).
L'orage
|
Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps, Par un soir de novembre, à cheval sur les toits, « Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié, En bénissant le nom de Benjamin Franklin, Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs, A partir de ce jour j' n'ai plus baissé les yeux, Son bonhomm' de mari avait tant fait d'affair's, Dieu fass' que ma complainte aille, tambour battant, |
Ecoutons maintenant La Femme du Pompier de Gustave Nadaud dans une interprétation de Arnaud Marzorati et Daniel Isoir extrait du CD La Bouche et l'Oreille entièrement consacré à des chansons de Gustave Nadaud.
Ah ! Je fais un vilain métier ! Je suis un séducteur infâme ! Que voulez- vous ? J'aime la femme, J'aime la femme du pompier.
C'est un mari-pompier modèle, Des deux côtés rempli de zèle ; Partout où son devoir l'appelle, Il est prêt de nuit et de jour ; Ici, retenu par l'amour, Là, convoqué par le tambour. Sa femme est mon Eléonore, C'est un ménage qui s'adore ; Mais je l'aime bien plus encore.
Refrain
Sitôt qu'éclate un incendie, C'est une tragi-comédie, Son épouse le congédie ; Il court, il va tout asperger. Pour lui, c'est l'heure du danger, Pour moi, c'est l'heure du berger ; Et cet homme qui se dévoue, Ce héros que j'admire et loue, Je le trompe, je le bafoue...
Refrain |
Quand la fièvre d'amour me gagne, Je vais la nuit dans la campagne, Et j'allume sur la montagne Un feu de paille et de sarments ; Puis, je vais, par mes hurlements Réveiller les pompiers dormant. lors, dans la maison connue J'arrive à l'heure convenue Et doucement je m'insinue...
Refrain
Mais toute maison allumée Est moins ardemment enflammée Que le cœur de ma bien-aimée. Nous vivons, regardez un peu Du feu, par le feu, dans le feu, Corbleu ! Palsambleu ! Tête-bleu ! Nous crépitons dans des méandres De flamme, de braise et de cendres, C'est un trio de salamandres...
Refrain |