Grâce à Georges Brassens, nous connaissons La ballade des dames du temps jadis poème de François Villon qui serait resté inconnu de nous si le maître ne l'avait pas mis en musique.
Vous pouvez le réécouter en vous dirigeant vers un autre article du blog.
Je voulais vous présenter une autre ballade de François Villon intitulée La ballade des seigneurs du temps jadis. Elle a été mise en musique par François Lancelot et elle est interprétée par Marc Ogeret.
Il s'agit également d'un poème à forme fixe : la ballade carrée composée de trois couplets et d'une demi-strophe appelée envoi, chacune étant terminée par un vers refrain, qui rappelle la forme chantée des origines. Et carrée car les strophes sont composées de 8 vers de 8 pieds. On peut également remarquer que les rimes sont disposées de la même façon dans toutes les strophes.
Qui plus, où est li tiers Calixte,
Dernier décédé de ce nom,
Qui quatre ans tint le papaliste,
Alphonse le roi d’Aragon,
Le gracieux duc de Bourbon,
Et Artus le duc de Bretagne,
Et Charles septième le bon ?
Mais où est le preux Charlemagne ? Comme un refrain
Strophe carrée 8 vers de 8 pieds. Schéma : ABAB/BCBC
Semblablement, le roi scotiste
Qui demi face ot, ce dit-on,
Vermeille comme une émastiste
Depuis le front jusqu’au menton,
Le roi de Chypre de renom,
Hélas ! et le bon roi d’Espagne
Duquel je ne sais pas le nom ?
Mais où est le preux Charlemagne ? Comme un refrain
Strophe carrée 8 vers de 8 pieds. Schéma : ABAB/BCBC
D’en plus parler je me désiste ;
Ce n’est que toute abusion.
Il n’est qui contre mort résiste
Ne qui treuve provision.
Encor fais une question :
Lancelot le roi de Behaygne,
Où est-il ? où est son tayon ?
Mais où est le preux Charlemagne ? Comme un refrain
Strophe carrée 8 vers de 8 pieds. Schéma : ABAB/BCBC
Où est Claquin, le bon Breton ?
Où le comte Dauphin d’Auvergne,
Et le bon feu duc d’Alençon ?
Mais où est le preux Charlemagne ? Comme un refrain
Envoi de 4 vers de 8 pieds. Schéma : BCBC
Le Testament
Si vous désirez aller plus loin dans la compréhension du texte, vous pouvez vous reporter à cet article de Wikipedia
Que l'on soit flocon ou bonhomme de neige mieux vaut réfléchir avant d'agir... même si l'on croit trouver quelque réconfort dans cette démarche !!!
Le flocon
Venant de Norvège
Un flocon de neige
Qui volait au vent
S’en allait rêvant.
Voyant une fille
D’allure gentille
Par le Nord giflée
Bien emmitouflée
D’un bonnet de laine
Il se dit : "Ma veine !
De la bonne aubaine
Si je profitais pour me camoufler
Et me réchauffer.
J’attendrai demain
Pour continuer tout ce long chemin."
Il n’eut pas de peine
A mettre le nez
Dessous le bonnet
Mais sa longue route
Soudain s’arrêta :
Une frêle goutte
Fut le résultat.
Ceux qui se figurent
Pouvoir ignorer
Tout de leur nature
N’ont plus qu’à pleurer.
Louis Delorme
Dans la nuit de l'hiver
Galope un grand homme blanc
Dans la nuit de l'hiver
Galope un grand homme blanc
C'est un bonhomme de neige
Avec une pipe en bois,
Un grand bonhomme de neige
Poursuivi par le froid.
Il arrive au village.
Voyant de la lumière
Le voilà rassuré.
Dans une petite maison
Il entre sans frapper ;
Et pour se réchauffer,
S'assoit sur le poêle rouge,
Et d'un coup disparaît.
Ne laissant que sa pipe
Au milieu d'une flaque d'eau,
Ne laissant que sa pipe,
Et puis son vieux chapeau.
Jacques Prévert
"Histoire", Éditions Gallimard 1963
Les poèmes de Jules Supervielle (1884-1960) ont été fréquemment mis en musique par les chanteurs de la rive gauche au cours des années 60 et 70.
Trois chansons sont regroupées ici :
- Jean Vasca chante "Vivre encore", musique de Jean Vasca, tiré de l'album "Fine Fleur de la chanson française n°4" (1967)
- Jacqueline Dorian chante "Grands yeux dans ce visage", musique de Georges Genais, enregistré en 1970 pour les disques Alvarès
- James Ollivier (1933-1997) chante "Les amis inconnus", tiré de l'album "Fine Fleur de la chanson française n°2" (1966).
Cette écoute est le prétexte à vous faire découvrir un site qui me paraît intéressant et qui regroupe des textes poétiques mis en musique.
Quand Jean de La Fontaine, Django Reinhardt et Charles Trenet s'associent... cela ne peut qu'engendrer un petit bijou.
Jean-Roger Caussimon (1918-1985) est unacteur et auteur-compositeur-interprète français. Il est notamment l'auteur de la chanson Monsieur William (texte mis en musique par son ami Léo Ferré).
S'il est arrivé à jean-Roger Caussimon de mettre en musique ses propres textes, il fait le plus souvent appel à des compositeurs, et Léo Ferré est celui qui joue le rôle plus important. De1946 à 1985, Léo Ferré a mis en musique une vingtaine de textes de Jean-Roger Caussimon, parmi lesquels :
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(Source WIKIPEDIA - Article "Caussimon" )
Pour cette chanson, Jean-Roger Caussimon est l'auteur du texte. Pour ce qui concerne la musique, je n'ai pas trouvé. Qui peut combler ce manque ?
Sur un vœu de Paul Eluard
Toute caresse, toute confiance se survivent !
Ces mots tout simples de lumière
Paul Eluard les a écrits
Mots plus fervents que la prière
Et plus éclatants que le cri
Ils sont plus forts que l’invective
Que la violence ou le mépris
Ils ont jailli comme l’eau vive
Le cœur y parle avant l’esprit
Toute caresse, toute confiance se survivent !
Où sont les lendemains qui chantent
Et ce bonheur toujours promis ?
Dans les cités indifférentes
Chacun croit voir ses ennemis
Mais si, par hasard, il arrive,
D’entrevoir un regard ami
Parmi tant d’ombres fugitives
Que ce regard soit retransmis
Toute caresse, toute confiance se survivent !
Pour la berceuse paternelle
La voix du père, en la maison
Et pour le souvenir de celles
Qui t’aimaient plus que de raison
Que rien ne parte à la dérive
Et que le bonheur d’un instant
Sur un ciel d’avenir s’inscrive
Et resplendisse avec le Temps
Toute caresse, toute confiance se survivent !
Une chanson de Jean Richepin sur une musique de Lucien Durand. Elle fut interprétée par Damia, E. Piaf, Barbara, A. Mestral...
Le texte fut écrit en 1891 et il parut en1899 dans le recueil de Jean Richepin "La bombarde - Contes à chanter".
J'aime beaucoup ce genre de "chanson fresque", une sorte de danse macabre. D'ailleurs le sous-titre de cette chanson est : "Galop macabre". Une chanson hors du temps et qui, finalement, ne porte pas les stigmates du temps comme beaucoup de chansons de cette époque. Ce n'est que mon avis !
Enfin, mon but n'était pas de "plomber" votre journée.
Sur les noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Par le royaume des morts
Vont deux blancs ménétriers.
Ils vont un galop d'enfer,
Tout en raclant leur crincrin
Avec des archets de fer,
Ayant des cheveux pour crin.
Au fracas des durs sabots,
Au rire des violons,
Les morts sortent des tombeaux.
Dansons et cabriolons !
Et les trépassés joyeux
S'en vont par bonds et soufflant,
Avec une flamme aux yeux,
Rouge dans leurs crânes blancs.
Et les noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers
Font halte et voici qu'aux morts
Parlent les ménétriers :
Le premier dit, d'une voix
Sonnant comme un tympanon :
"Voulez-vous vivre deux fois ?
Venez, la Vie est mon nom !"
Et tous, même les plus gueux
Qui de rien n'avaient joui,
Tous, dans un élan fougueux,
Les morts ont répondu : "Oui !"
Alors l'autre, d'une voix
Qui soupirait comme un cor,
Leur dit : "Pour vivre deux fois,
Il vous faut aimer encor !
Aimez donc ! Enlacez-vous !
Venez, l'Amour est mon nom !"
Mais tous, même les plus fous,
Les morts ont répondu : "Non !"
Et leurs doigts décharnés,
Montrant leurs cœurs en lambeaux,
Avec des cris de damnés,
Sont rentrés dans leurs tombeaux.
Et les blancs ménétriers
Sur leurs noirs chevaux sans mors,
Sans selle et sans étriers,
Ont laissé dormir les morts.
" Le romancier et poète Jean RICHEPIN se plaisait à se proclamer le
descendant d’anciens nomades qui auraient fait souche en Thiérache.
Il aimait aussi évoquer les longs cheminements à travers la
France de son grand-père paternel, le serrurier Michel BESCHEPOIX,
qui avait été compagnon du Devoir. Se cherchant de plus lointains
ancêtres itinérants, il prétendait avoir découvert dans les Archives,
au début du XVIe siècle un RICHEPIN "d’erratique extrace, violoneux
ménétrier ".
Et comme encore cela ne lui suffisait pas, il inventa (suivant les
termes d’Emile MALE) une curieuse "théorie ethnographique" en
se proclamant touranien.
Tous les nomades, tous les itinérants plaisaient à RICHEPIN. Ainsi
les chemineaux (le mot apparaît en 1853). C’étaient des vagabonds
errant isolément dans les campagnes, vivant surtout de mendicité,
rendant parfois de menus services. Ils passaient pour être les
auteurs de signes conventionnels marqués à la craie sur les façades
des maisons, signalant aux confrères que dans telle demeure, on
pouvait recevoir l’aumône , que dans telle autre on était mal accueilli,
que les habitants étaient riches ou avares, ou trop pauvres,
qu’il fallait se montrer devôt en sonnant à la porte, que la ville était
dangereuse pour les nomades, et la police sévère."
Extrait d'un article de François de Vaux de Foletier, spécialiste éminent de l'histoire des tziganes en Europe.
On peut lire la totalité de cette étude ici :
www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/.../Tome_029_page_191.pdf
Les seigneurs
Paroles : Bernard Dimey
Musique : Stephan Reggiani
Interprète : Serge Reggiani
Regardez bien la gueule que j'ai
Je n'ai pas toujours eu la même
Quand on ressemble à ses poèmes
On finit souvent sur le quai
Je navigue sur des canaux
Où ma vieille péniche s'use
Elle a vu tellement d'écluses
Qu'elle n'a même plus l'air d'un bateau.
On a beau jouer les seigneurs
Faire voir ses biceps et ses dents
Un jour on annonce la couleur
Ce n'est qu'une question de temps.
Je laisse un petit peu partout
Traîner des sourires à la pelle
Pour que mes journées soient plus belles
D'ailleurs tout le monde s'en fout
Ma plus grande erreur au départ
Fut d'avoir quitté mon village
J'avais pris ça pour du courage
J'ai dû me tromper quelque part.
Quand on se prend pour un seigneur
Il faut être armé jusqu'aux dents
Ce qui ne tient pas c'est le coeur
Ce n'est qu'une question de temps.
Regardez bien la gueule que j'ai
C'est le Grand-Guignol en partance
C'est du désespoir en vacances
C'est impossible à corriger
Si j'en rigole c'est tant mieux
S'il est des gens qui me regardent
Pour les planter jusqu'à la garde
Je veux devenir très très vieux.
Quand on est vraiment un seigneur
Qu'on a payé la peau des dents
On peut annoncer la couleur
Et se foutre de l'air du temps.
Regardez bien la gueule que j'ai...
Les chansons les plus connues de Bernard Dimey : Mon truc en plumes (Musique de J. Constantin, chantée par Zizi Jeanmaire), Syracuse (Musique Henri Salvador), Mémère (musique de D. White, chantée par M. Simon), L'Amour et la Guerre (musique de Charles Aznavour)
Je vous propose ce matin ce superbe poème de Bernard Dimey mis en musique et chanté par Jacques Marchais.
Cette chanson a valu le Grand Prix de l'Académie Charles Cros à son interprète.
"... Les arpèges du silence..."
Une trouvaille susceptible d'illuminer toute votre journée ! Non ?
Et si, aujourd'hui, nous révisions nos fables de La Fontaine ! Combien en retrouverez-vous dans ce texte de Francis Blanche mis en musique par Gérard Calvi ?
Le chêne un jour dit à la tortue
Que vous êtes belle, que vous courez bien !
Votre voix qui m'est inconnue
Doit être aussi fraîche que l'air du matin
La tortue, alors secrètement flattée,
Aspira très fort et se mit à chanter
Et le lièvre dans le bois mouillé
Pour l'entendre, cessa de brouter.
Mais hélas la pauvre tortue
Ayant sans relâche chanté tout l'été
Se trouva toute dépourvue
A la fin d'automne sans rien à croûter
Elle alla trouver la cigale aux yeux verts
Poétesse cotée dont elle aimait les vers
Qui lui dit : "Non, j'ai ma locataire
La fourmi qui est dans la misère."
Alors le corbeau, le loup et l'agneau
Le coche et le chat et le souriceau
L'huître et les plaideurs
L'aigle et le chasseur
Décidèrent d'agir en sa faveur.
Et chacun s'en fut, l'âme émue
Faire à la tortue un présent discret
Le renard offrit en partage
un peu du fromage
Qu'il avait volé
Le grand chêne donna de ses glands par kilos
Le roseau donna la moëlle de ses os
Et le lièvre offrit à sa consoeur
Une terrine de pâté de chasseur
La fourmi donna des myrtilles
Et le rat des villes quelques ortolans
La cigale enfin convaincue
Donna à la tortue la clé de ses champs
À sa cour, le lion donna un grand gala
Tous heureux de vivre, on rit et l'on dansa
Mais les hommes ne s'entendaient pas
Le jour même la bombe éclata
Du feu, du fer
Fumée dans l'air
Et ma fable s'arrête là.