Maman, le vent me fait la cour,
Le vent me trousse et m'éparpille,
Le vent me souffle des discours.
- Pardi, c'est ennuyeux, ma fille.
Ça l'est bien plus encore, maman,
Car le grand vent est mon amant.
Fille folle, amante du vent,
Boucle ton corset, baisse bien la tête.
Méfie-toi: qui aime le vent,
Engendre la tempête
Engendre la tempête
Maman, le vent partout me suit,
Le vent me presse et me bouscule.
Il pousse mes volets la nuit.
- Pardi, tu seras ridicule!
De quoi, ma fille, a-t-on bien l'air
En accouchant d'un courant d'air?
Maman, le vent m'aime si fort
Que je dois ouvrir les fenêtres.
Il ne veut plus coucher dehors,
Et je crois qu'un enfant va naître.
- Fille, je m'en irai avant
D'être la grand-mère du vent.
Maman, mon fils est né ce soir.
J'en suis restée toute meurtrie,
N'ai pas eu le temps de le voir.
Il m'a laissé à ma folie,
Et le voici parti, maman,
Aux trousses de son père le vent.
Mes amours ne sont que du vent.
Est-ce aussi le vent que j'ai dans la tête?
Puisque tu me fuis, mon enfant,
Je suivrai la tempête.
Je suivrai la tempête.